J’ai traversé la Bretagne à vélo en 5 jours (et je n’étais pas prête)

Temps de lecture : 5 minSpoiler : j’ai survécu… et j’en redemande.

Franchement, si quelqu’un m’avait dit ce qui m’attendait, j’aurais sûrement reculé. Ou au moins pris un vélo décent. Mais voilà : un matin d’enthousiasme (ou de légère inconscience), j’ai décidé de traverser la Bretagne à vélo. Roscoff – Vannes. Cinq jours. Une tente trop grande, des jambes pas prêtes, et une playlist qui tourne en boucle dans la tête. Le reste ? De l’impro.

Le plan, c’était… qu’il n’y ait pas trop de plan

J’avais regardé vite fait une carte. J’avais vaguement entendu parler de la Vélodyssée en Bretagne. Et puis j’avais vu des photos de gens heureux en cyclotourisme. J’étais sûre d’une chose : j’avais besoin de prendre l’air, de décrocher, de me prouver que j’en étais capable.

Ce que je n’avais pas prévu ? Les côtes. Ces maudites côtes bretonnes, qui surgissent sournoisement quand tu t’y attends le moins. Ni le poids de mes sacoches : apparemment, emmener une bouilloire « au cas où », c’était peut-être pas une idée de génie.

Jour 1 – Euphorie et première claque

Je suis partie pleine d’énergie, musique dans les oreilles, les cheveux au vent (sous le casque, quand même).

Et puis au bout de 20 km… la claque. Une montée. Puis une autre. Et encore une. À croire que la Bretagne s’amuse avec les courbes de niveau. Mon vélo couinait, moi aussi. J’ai fini la journée avec les cuisses en feu, trempée (merci la pluie fine mais tenace), et un sandwich mou dans la poche. Mais aussi… un sourire débile de fierté. J’avais commencé. Et je n’avais pas fait demi-tour.

Jour 2 – Crevaison, pluie et galette salvatrice

Je suis tombée sur un clou (littéralement). Crevaison dans un coin paumé. J’ai sorti mon kit, genre je savais ce que je faisais. Spoiler : non. Heureusement, un papy du coin est passé en tracteur et m’a proposé son garage. On a réparé ensemble. J’ai gagné une chambre à air… et un café.

Le soir, j’ai trouvé un petit resto où la galette beurre-saucisse m’a semblé être le meilleur repas de ma vie. C’est fou comme le bonheur peut tenir dans une assiette chaude quand tu as les pieds mouillés.

Jour 3 – Ça pique, mais ça avance

J’étais épuisée, mais j’ai roulé. J’ai traversé des forêts, des petits hameaux, j’ai salué plus de vaches que d’humains. J’ai chanté à tue-tête quand j’étais seule sur la route. J’ai même failli m’endormir sur un banc à midi. Et pourtant… j’ai senti que mon corps commençait à suivre. Un peu.

Le soir, j’ai planté la tente à côté d’un champ, seule avec les étoiles. J’ai eu un moment de doute (et de « qu’est-ce que je fous là »), mais c’était calme. Profond. Vrai.

Jour 4 – La montée de trop

J’ai failli pleurer. J’avais mal partout, la pluie revenait, et cette foutue montée n’en finissait pas. J’ai posé le vélo. J’ai marché. J’ai râlé. J’ai insulté les cartes IGN mentalement.

Et puis au sommet, j’ai vu la mer. D’un coup. Immense. Bleue. J’ai rigolé toute seule. J’avais mal, j’étais sale, j’avais faim… mais j’étais là. Et c’était sublime.

Jour 5 – Vannes, larmes (et frites)

Quand je suis arrivée à Vannes, j’ai eu envie de m’applaudir. Personne ne m’attendait, j’étais trempée, mes mollets étaient en compote. Et j’ai pleuré. Pas parce que c’était dur (enfin si, un peu), mais parce que j’étais fière.

J’ai posé mon vélo, je me suis offert une énorme portion de frites, et j’ai regardé les passants comme une héroïne anonyme qui venait de traverser son propre monde.

Ce que j’ai appris (et que Google ne dit pas)

  • Tu peux être fatiguée, flippée, perdue… et avancer quand même.
  • Ton corps sait faire bien plus que tu ne crois.
  • Il n’y a rien de plus doux que l’accueil des inconnus sur la route.
  • Et surtout : voyager à vélo, ce n’est pas un exploit. C’est une autre manière de vivre. Plus simple. Plus lente. Et tellement plus vivante.

Et toi, tu pars quand ?

Si tu hésites encore, sache que moi aussi j’avais mille bonnes excuses. Et pourtant, j’ai pédalé.

Tu n’as pas besoin d’être prête à 100 %. Juste de faire le premier coup de pédale. Le reste… vient avec le vent.

 

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